Martin Veyron

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Le génial Martin Veyron s’en fendu d’une balade sentimentale moderne et intemporelle.
Vous savez que je suis fan. Vous savez aussi que je ne me départi jamais de mon œil critique. Tout aiguisé qu’il est il a de nouveau fondu devant l’humour pertinent du grand MV.
Une promenade dans les sentiments du cœur et du cul, la tête et la peau cette fois. Une invention de personnages dans un travelling sur la ville.

Moi Toi Nou

Le_rat_et_l_huitreJe ne sais pas ce qui se passe rue de Rome, les travaux, les trous, les containers, c’est un chantier moche et sordide, mais c’est sans importance. Vous pouvez enlever la rue de Rome, je n’en ai plus besoin.
Depuis longtemps ce n’était plus qu’un repère, une balise qui permettait de situer la hauteur de la canebière où on trouvait Toinou. Toinou l’écailler, le fameux.
Infamie ! Une sorcière a jeté un sort au héros du couteau à huitre.
Ce n’est pas comme on essaiera de vous le faire croire un bar à huitre remis à neuf (!)
C’est une épicerie, glauque qui vend des huitres à l’unité, du pain et des cuillères jetables, des soupes en carton, de la rouille en barquette et des grimaces en marinière marketing.
Je me demande quel est le mauvais génie derrière cette machination. Allez savoir s’il s’agit d’un plan de destruction global de la ville ou simplement d’une stratégie d’élimination du centre. Un coup des américains ?

Le cirque

L’alcool est un problème en Norvège ; Il est trop difficile d'en trouver !
Le seul disponible facilement, comme dans tous les pays du monde, c’est la bière, vendue dans les supérettes. Mais ici, sa vente est interdite après 18h et de toutes façons, le prix des canettes empêche l’ébriété à la classe moyenne.
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Chaussez vous sérieusement, munissez vous d’un bonnet qui couvre les oreilles, d’une écharpe et de gants. les mains doivent pouvoir promptement amortir les chutes probables. On trouve ici des vêtements d’une efficacité redoutable contre le froid, des tissus hautement techniques à la coupe plutôt sportive. Les passants sont moulés dans ces uniformes et vous doublent. Forcément, la marche sur verglas est une discipline locale et demande un temps d’adaptation. Redoublez de précautions en sortant de chez vous, les petites ruelles peu fréquentées sont les plus glissantes. La route qui passe devant l’ancien chateau, devenu annexe de la faculté est plus jolie, hélas il fait déjà nuit et vos yeux ont trop à faire à rechercher les petits gravillons qui permettent de passer d’une zone viable à la marche à une autre. Ne vous offusquez pas de ce que ce quidam promenant son chien et s’arrêtant à chaque lampadaire vous double et s’éloigne, le principal est de rester debout !
Voila la presqu’ile, vous longez la berge, les façades se font plus colorées, les vitrines, les passants plus fréquents. Voila un restaurant italien, un salon de thé avec une terrasse, des fauteuils recouverts d’une fourrure nylon. Vous obliquez à gauche pour passer sur le pont antique de bois rouge. Celui qui devait se lever pour laisser passer les bateaux venant des bouts du monde vers ce fond de fiord.
Le centre ville n’est pas loin, il est petit mais n’est jamais très loin.
Vous vous souvenez vaguement de l’endroit, mais ce centre si petit est quand même jonché de rues vaguement semblables, aux boutiques, musées, restaurants, café et lumières qui évoquent mais ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Ne protestez pas, il est agréable de se perdre et de déambuler dans une ville inconnue. Rentrez dans cet établissement grouillant de buveurs de bières, partageant souvent une assiette de hamburger, de viandes, de frites. On y croise de jolies filles, de grands blonds, on y entend des conversations en anglais international d’étudiants. Les toilettes sont plus accessibles que le comptoir, sortons alors, et recommençons notre recherche.
Voilà, je crois que nous y sommes, une porte vitrée ouvre sur un escalier qui mène au sous sol en colimançant. Il est tôt, il y a des tables libres, l’ambiance est sombre, le son fait monter la voix. Les jeunes gens qui se pressent maintenant au comptoir doivent présenter leur carte d’identité dont la photo est systématiquement contrôlée. Cette carte peut servir de moyen de paiement, et hop, voila le lieu de Trondheim ou la bière est la moins chère. Le grand verre de liquide mousseux et sa trace d’alcool coute 38 NOK, un whisky méticuleusement dosé une centaine de cette même couronne. L’atmosphère se réchauffe, les voix se font plus graves, les groupes plus serrés. A défaut d’une jeune fille blonde qui accuse à peine les 20 ans indispensables ici, Christopher vous fera peut être à vous aussi la conversation. Il vous offrira peut être même un verre de cette bière indienne de Londres avec du gin !
Je vous avais bien dit que le chemin retour ne serait pas plus facile que l’aller, ni plus court malgré le passage par la grand route, réchauffée par le passage des voitures. Mais je vois à ce sourire un peu hébété que cette soirée vous a paru courte et chaleureuse. un petit kébab ? bon d’accord.

Gratuité de l’art

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Il parait qu’il n’y a pas d’art gratuit. Je ne parle pas de prix, de coût, d’argent, de flouze, de pèze, de fric, je parle de l’intention.
Est ce que la forme des nuages, le dessin griffonné en téléphonant, ou une fractale trop belle ! sont des objets d’art ? Les arts premiers sont ils de l’artisanat ?
Est ce que l’art est dans l’øeil du spectateur ou dans le doigt du peintre ?
Le consensus artistique se fait autour d’un artiste oui, parce qu’il permet d’identifier l’origine de ce qui est reconnu comme artistique. Qu’en est il du sentiment individuel. Si seul sur une île, on se pâme d’émotion devant un cactus bleu aux formes spaciales ?
Personnellement, j’aime beaucoup ce qui est gratuit et dont le sens a la modestie de se laisser découvrir à postériori par chacun.
Le geste gratuit est par lui même une forme d’art !