Le jeu se déroule tranquillement depuis quelques mois. La partie commençais à prendre forme. J’avais déjà perdu quelques points et des pièces maîtresses de bonne importance. Prendre de gros risques sans appui de précaution, ça se paye. J’ai eu la chance de rentrer dans le cercle, dans un surclassement providentiel. Mais le vent a tourné.
La force des joueurs n’a pas beaucoup d’importance, ce qui compte vraiment c’est l’art des alliances. J’ai vu, surgir de nulle part, des pigeons se transformer en aigles, par de simples soumissions, parfois contradictoires avec des camps opposés. La méthode de l’assentiment systématique est un bonne astuce aussi, et demande peu de qualification. Mais la qualité première pour progresser, c’est la détermination. C’est une caractéristique que hélas, je ne possède pas.
Depuis la défaillance de mon roi, qui s’est avéré moins solide que je pensais, je suis dans une impasse. Me reste seulement une reine secondaire, quelques fous sans diagonale, et deux pions. Mon cavalier est condamné. Il aurait fallu réaliser une latéralisation de mes positions, mais je n’avais plus assez d’atouts.
Je dois vous dire, que vendredi, j’ai fait tapis. C’est venu comme ça, dans le rythme du jeu. L’enchère est montée, et j’ai lâché plus que j’aurais dû. Le tour n’est pas finalisé, il reste quelques notes à comptabiliser, mais je crois que c’est plié. Ce qui m’a manqué, c’est la psychologie du jeu. Il faut dire que j’avais les règles à assimiler tout en jouant. Mais je ne cherche pas d’excuse. J’aurais voulu quitter la table avec un meilleur score, tant pis.