Un geste anodin pas très contrôlé, mon doigt qui glisse, et c’était fait. Cette planche bardée d’aiguilles attendait mon pouce. J’ai voulu ignorer, j’ai sucé, lavé, aspiré, l’écharde était bien accrochée. C’est une paillette d’un vieux bois, du bois de vieille palette, sûrement infectée de déjections de rats et de poussières centenaires.
Cette lance plantée dans mon doigt, j’ai regardé la cérémonie d’ouverture des JO à Paris. Tout en surveillant les centaines de danseurs sous la pluie, je me suis mis à triturer ma plaie à l’aide d’une épingle.
Le soir se couche sur la tour Eiffel et l’arc de triomphe, sous la pluie. Les lazers figent les grosses goûtes qui arrosent la foule. L’eau n’arrête rien. Je suis inquiet pour la réussite de chaque séquence, mais tout passe crème. Le spectacle est somptueux. Quelle somme de travail ! des danseurs, des bateaux, des flammes, des effets, des vedettes, de la musique, un cheval d’argent, des feux d’artifice, Philippe Katerine nu, un ballon électrique en flamme, tout se passe magnifiquement. Et moi, dans l’élan de cette réussite, j’arrache enfin la paillette de mon pouce percé au sang, avec un coupe ongle, au moment ou Céline Dion chante « dieu réuni ceux qui s’aiment »
Je ne crois pas que dieu y soit pour quelque chose, mais j’ai trouvé très beau ce moment où j’ai senti sortir l’écharde, et la réussite de l’ouverture des JO. Pourvu que ca dure.